|
![]() |
Texte de Isabelle Audoineau-Maire et Stéphane Maire “Andelnans et Froideval à travers le temps” Exposition du 18 au 26 septembre 1999 à la bibliothéque municipale et à la Mairie d'Andelnans |
Sommaire
Le Blason d'Andelnans
Etymologie et histoire des noms de Froideval et Andelnans
Andelnans sous la domination romaine
Andelnans au Moyen-Age
Andelnans dans le Comté de Montbéliard
Andelnans: de la maison de Bourgogne à celle des Habsbourg d’Autriche
L’Assise, district de la seigneurie de Belfort
La grande mairie de l’Assise
L’Assise et la justice
La grande mairie de l’Assise et les limites diocésaines
ANDELNANS au XVIIe siècle: le désastre de la Guerre de Trente Ans
Les mines d’Andelnans
La nature du minerai
L’extraction et le traitement du minerai
Rencontre avec Monsieur Emile Hautteberg
Les Ponts d’Andelnans et de Froideval
Le Pont sur la Savoureuse
Le Pont de Froideval
La naissance de la confrérie des “Hospitaliers de Saint-Antoine”
Le Feu de Saint-Antoine
Une bien étrange maladie
L’explication scientifique
Le développement de la confrérie dans toute la chrétienté
XVème siècle: Les écorcheurs
Le relèvement de la commanderie de Froideval
Un commandeur célèbre: Guido Guersi
Les fêtes à Froideval
La fête de Saint Antoine
La fête des Bergers
La guerre des paysans
La lente décadence de Froideval
Le passage des Huguenots
Relèvement de Froideval
La Guerre de Trente ans
Froideval après le traité de Westphalie
La vente de Froideval à l’Ordre de Malte
La ferme de Froideval baillée à des Anabaptistes
La vente de Froideval et confiscation des biens au profit de la nation
Que reste-t-il de nos jours?
A la suite des Antonites: Différents propriétaires de la ferme de Froideval
Ordre de Malthe
Monsieur Antoine Keller
Monsieur Alphonse Klenck
Mesdames Adèle et Thérèse Kuffier (nées Klenck)
Monsieur Jean Muller
Dans les années 1887, Monsieur Joseph Muller, fils de Jean Muller, ouvre un débit de boisson à Froideval. Il est repris par Monsieur Graber en 1920, puis par Monsieur Pierre Muller en 1947.
Les lotissements de Froideval
1965: construction du ‘Hameau de l’Assise”
1975: achèvement du “Hameau du Berger”
1979: achèvement du “Hameau de la Douce”
L’école d’Andelnans au fil des générations...
L’école d’Andelnans autrefois
La construction des préfabriqués
1976: début de la construction du groupe scolaire
1977: une rentrée des classes mouvementée
Le regroupement pédagogique
(étude effectuée par Monsieur Camille Heidet)
La définition héraldique du blason d’Andelnans est la suivante:
“D’argent au Tau de Saint Antoine d’azur, à la bordure de gueules”
Le Tau ou croix de Saint Antoine était cousu dans une étoffe bleue sur la robe noire des Antonites de la commanderie de Froideval.
Signification des couleurs du blason:
Argent: l’argent en blason d’armes signifie:
Azur (bleu): représente en blason d’armoiries les vertus de justice, de loyauté, de gentillesse et de renommée.
Gueule (rouge): “Par loi expresse était ordonné des anciens que nul ne porta de gueules en ses armes s’il n’était prince ou noble, ou par eux permis octroyé.” En blason d’armes, «gueule» signifie charité et représente une marque de haute magnanimité, vaillance, hardiesse. Des 4 éléments, «gueule» représente le feu (anciennes mines de fer sur le territoire d’Andelnans).
Andelnans: on note que les noms de villages terminés en ans sont très nombreux dans le Territoire de Belfort. Cette terminaison serait l’équivalent de la terminaison allemande ingen, pluriel de ing, ajoutée à des noms d’hommes d’origine germanique. Il s’agirait d’un procédé importé par les envahisseurs germains, consistant à désigner les lieux habités par le nom collectif des familles qui les occupent. Au cours des siècles, la finale en ans se serait substituée à celle en ingen. La langue romane aurait ainsi laissé tomber la dernière syllabe, mais sans perdre l’idée de pluriel qu’elle renfermait en ajoutant un s.
Le noms même d’Andelnans serait formé d’Adolenus ou Adelenus, par l’insertion d’une nasale (il s’agirait de noms de monétaires mérovingiens).
De nos jours, si le nom d’Andelnans semble clairement établi, ce dernier a cependant subi plusieurs modifications au cours des siècles.
Ainsi, en 1302, on le trouve mentionné sous la forme de Adelans.
Sous la domination autrichienne et alsacienne, le nom se trouve germanisé en Andelnach.
Dans les registres paroissiaux des XVIIIème et XIXème siècles, voire même au XXème siècle, il prédomine sous la forme d’Andrenans.
Froideval: selon l’auteur J. Liblin, ”le vallon qui porte ce nom […] est appelé Frigida valle dans les titres latins et Kaltenthall dans les titres allemands. On le trouve également mentionné sous le nom de Freideva, Fradeva ou Fredua ”
La plus importante des voies romaines allait de Milan à Strasbourg. Celle-ci fut terminée en 17 après Jésus-Christ. Pour la région de Franche -Comté, elle empruntait un itinéraire reliant Besançon à Luxeuil, en passant par Mandeure. Dans le sud du Territoire de Belfort, des traces de cette voie ont été identifiées sur le ban des communes de Fêche et de Delle où elle traversait I’Allaine.
Cette voie militaire romaine se trouvait reliée à celle des Vosges par une transversale dirigée vers Cernay et dont on a relevé des traces dans le Territoire de Belfort sur les communes de Vouvernans, Trétudans, Sévenans, Chèvremont, Lacollonge, Angeot et Lachapelle--sous-Rougemont.
De Trétudans, partait également une autre voie suivant la Savoureuse. Elle passait par Botans, Danjoutin, Belfort, Valdoie, Sermamagny et Auxelles-Bas où elle rejoignait alors la voie des Vosges.
Sur le territoire d’Andelnans, il n’existe apparemment pas de traces de voies romaines. Toutefois, J. Liblin émet une hypothèse selon laquelle cette voie aurait également traversé le ban de notre commune. Il justifie ses suppositions par la présence des traces en amont et en aval d’Andelnans, sur les communes de Trétudans et Danjoutin.
La plus ancienne mention d’Andelnans découverte à ce jour date de 1302. Il s’agit d’un contrat par lequel Jaiquoz de Roans, écuyer, vend à Champonal d’Andelnans, pour le prix de 105 sols coursables dans l’évêché de Besançon, le champ dit Lavernoye et le pré aboutissant au finage de Botans.
En 1103, Thierry Comte de Montbéliard meurt en laissant deux fils. Ces derniers vont se partager la succession paternelle en deux domaines distincts:
La limite des deux domaines traversait le Territoire de Belfort dans toute sa longueur, de Rougemont à Croix, en passant par Etueffont, Bethonvilliers, Roppe, Bessoncourt, Perouse, Eschêne, Charmois, Boron.
On note qu’Andelnans faisait partie du Comté de Montbéliard.
En 1307, Belfort obtint ses franchises. A partir de cette date, la seigneurie de Belfort forma alors un tout cohérent et distinct dans le Comté de Montbéliard. Trois districts la composaient:
En 1333, la commune d’Andelnans passa au comté de Ferrette dont elle n’a cessé de dépendre jusqu’en 1648.
Au hasard des mariages et des inféodations, les Comtes de Montbéliard firent passer le domaine entre les mains des seigneurs de Bourgogne.
Après la mort de Renaud de Bourgogne, sa fille Jeanne fit passer la seigneurie de Belfort à la maison d’Autriche, par le mariage de sa propre fille avec Albert II dit le Sage. En 1350, tout le pays de Belfort se trouva donc inclus dans les possessions alsaciennes des Habsbourg d’Autriche.
A partir de ce moment, le nom français d’Andelnans fut alors mentionné sous la forme germanisante d’Andelnach.
La mairie de la Haute-Assise comprenait:
La mairie de l’Assise-sur-l’Eau comprenait:
L’assemblée se tenait une fois l’an, le premier dimanche après Pâques, aux environs de l’équinoxe de printemps. Les sentences étaient rendues par 9 jurés présidés par le grand maire.
“Item le grand maire et les jurés de laditte Assize sont obligés chacun an tenir le maparius le premier dimanche après Pasques auquel jour ce doit rapporter tous les bons droicts et anciennes coutumes à raison de tenir justice que l’on tient conséquitivement et les droicts et faculté de justice ce doivent comme de tout temps estre lus. Cest toujours observé puisque cest une ancienne coutume et un droit estably par les souverains”
“Item touffes et quantes fois que protestation ce fait en laditte justice celuy qui la fait doit incontinent mettre plaiges et prix pour relever son appellation devant dix jours à onze nuits et la doit prendre par escript à ses frais et mission. Et sy on la refuse Ion la doit porter pardevant messieurs les officiers de Belfort par un renouvellement fait par la cour souveraine de Brisach et ce rapporter le meilleur jugement dans quarante jours à compter dès le lendemain que l’on auroit fait laditte appellation ou protestation ou sinon celuy qui a voit ainsy appellé seroit amendable a mondit seigneur a l’amende de soixante solz et ès juré qui auroit donné la présente sentence douze solz”
Extrait du “vray original fort vieil” rédigé par Antoine Vernier de Trétudans, notaire, à la requête de Hugonin Courlas de Sévenans et pour le grand maire de l’Assise (22 janvier 1596). La présente copie est “extraite et transcrite” par le tabellion de Belfort, Jacques Cuenin (18 septembre 1696).
Cette transcription moderne, dans laquelle les accents ont été ajoutés, est due à G. Stoffel, L’Assise de Belfort, BSBE,1872-73, n°1.
Sur le plan de l’autorité religieuse, elle était placée sur la limite des deux évêchés de Bâle et de Besançon et donc séparée entre les deux diocèses:
En 1617, l’Autriche signe un accord avec l’Espagne et lui cède ainsi ses possessions alsaciennes. La région de Belfort devient donc terre de la famille des Habsbourg.
Un an plus tard, éclate un conflit qui durera trente années consécutives. Cette guerre trouve ses origines dans l’affrontement entre les deux communautés religieuses protestantes et catholiques. Elle prend sa source dans les principautés allemandes du Saint Empire romain germanique.
La première phase commence à Prague, en Bohème. En 1618, les protestants s’insurgent contre la destruction des temples par les catholiques et demandent l’appui de Ferdinand II roi de Bohème. Ce dernier, fervent catholique et héritier des Habsbourg, refuse. En représailles, les protestants passent par les fenêtres du château les représentants du roi. Des armées sont mises sur pied. L’Union évangélique protestante est créée. Ferdinand II devenu Empereur mène quant à lui la ligue catholique.
Devant les victoires des catholiques, les états allemands protestants cherchent alors une aide extérieure. La France de Louis XIII et Richelieu, se prépare quant à elle à intervenir. Son action est retardée par des crises internes à la politique française. Richelieu propose alors à Gustave II roi de Suède d’intervenir avec l’appui de la France. Ce dernier débarque alors en 1630 en Poméranie. Gustave II avec l’appui des états de Poméranie, Brandebourg et Saxe, enfonce les lignes de Ferdinand II à Breitenfeld (Leipzig). Les Suédois remportent la bataille de Lützen en 1632 et s’enfonce en Alsace et Bavière. Le 2 janvier 1633, les armées suédoises font le siège de Mulhouse et de Belfort.
Un mémoire sur l’Alsace de 1661 décrit la seigneureie de Belfort. Elle comprenait alors 16 mairies et 60 villages, la plupart brûlés. Andelnans est mentionné dans ce triste recensement.
La dernière phase est marquée par l’intervention militaire de la France. Les généraux français passent en Bavières, remportent les batailles de Freiburg et de Nördlingen. La Bavière est conquise. Munich, Prague et Lens sont assiégées par les Franco-Suédois. Ferdinand se voit contraint de capituler au traité de Westphalie le 24 octobre 1648. Les Habsbourg perdent leur hégémonie sur l’Europe au profit de la France, qui voit revenir, entre autre, les territoires alsaciens. Andelnans redevient donc français.
Des comptes d’époque permettent d’affirmer avec certitudes qu’au XVIIème siècle, plusieurs gisements miniers étaient exploités dans le Territoire de Belfort. On note ainsi la présence de mines à ROPPE, CHEVREMONT, PEROUSE, DANJOUTIN, ANDELNANS, CHATENOIS, FECHE-L’EGLISE, PHAFFANS, DENNEY, EGUENINGUE.
Le finage de la commune d’Andelnans a fourni du minerai en grains jusqu’au siècle dernier. Il alimentait les hauts-fourneaux de Belfort et de Châtenois.
Les dépôts ferrugineux se trouvaient dans des poches du jurassique supérieur.
Le minerai se présentait sous la forme de petits grains, brun foncé, plus ou moins sphériques. Le diamètre moyen était de quatre à cinq millimètres, mais un grain pouvait atteindre la grosseur du poing.
Toutefois, la petite taille des grains de minerai se trouvait en partie compensée par une très haute teneur en fer. L’analyse d’un grain donnait en effet un taux de 47,76 % d’Oxyde de fer.
A Andelnans, comme dans de nombreuses autres communes du Territoire, il semblerait en fait plus approprié de parler minières que de mines. En effet la majorité du minerai était extrait à ciel ouvert. L’argile ferrugineuse affleurait suffisamment pour que de simples technique d’extraction soient mises en place à l’aide de la pelle et la pioche.
Le lavage constituait une seconde étape indispensable. Les grains étaient en effet noyés dans de l’argile. Un lavoir à roue permettait de détacher le minerai de l’argile. l’appareil utilisé était appelé un “patouillet”.
Cf. carte et documents.
(Philippe DATTLER, La Métallurgie dans le Comté de Belfort (1659-1790), Mémoire soutenu en vue de la maîtrise d’Histoire à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Besançon, juin 1972)
«Patouillet». (Grande Encyclopédie de Diderot)
Emile Hautteberg et son épouse sont nés tous deux à Andelnans. Les parents de Monsieur Hautteberg tenaient un café dans la commune (devenu café Moré en 1924). Emile est le 5ème d’une famille de 6 enfants.
En 1918, une épidémie de Choléra, plus communément appelé “grippe espagnole”, sévit dans la région. En une semaine, la famille est décimée et Emile se retrouve orphelin à l’âge de 10 ans. Il se souvient encore de cet officier du service sanitaire qui lui fit boire un verre de “goutte d’Arquebuse” afin de le sauver de la terrible maladie.
La maison Hautteberg est alors fermée et désinfectée à la chaux.. Mis en quarantaine, Emile va vivre dans les grottes situées sous la maison. Il dort sur la paille. Une fois par jour, on lui pose à l’entrée de la grotte un panier avec quelques vivres. Personne n’ose l’approcher. Pour l’enfant, c’est un épisode terrible.
A 12 ans, EmiIe entre dans la vie active, Il va alors occuper plusieurs emplois. De la corderie-teinturerie Beauseigneur, il passera ensuite à l’usine du four à chaux de Châtenois et aux Ets Stein où il est payé 6 sous de l’heure plus un litre de lait en raison de son jeune âge. Les conditions de travail sont très difficile. Respirer la chaux en nettoyant les fours provoque de terribles saignements de nez. De cette époque, Emile garde des souvenirs très clairs: les wagonnets qui apportaient la pierre à chaux depuis les carrières voisines, les trois fours vers lesquels s’endormaient les vieux qui venaient se réchauffer et qui ne se réveillaient jamais à cause des émanations toxiques.
A plusieurs reprises transparaît dans la conversation un grand regret: “Vous savez, moi, je ne suis jamais allé à l’école.” Il apprendra pourtant à lire et écrire avec une habitante du village qui l’a pris sous son aile, une certaine Madame Couchot... qui n’est autre que la maman de Jeanne. Emile épousera sa “Jeannette” le 20 février 1933.
Jeanne, quant à elle, passe son certificat d’étude et apprend la couture, dans un premier temps avec sa mère, puis avec une cousine couturière de formation qui lui enseigne l’art de couper sans patron. Aujourd’hui encore, Jeanne est fière des 33 robes de mariées qu’elle a réalisées au cours de sa vie de couturière! Pendant qu’elle nous conte son métier avec passion, Emile sort de la cuisine et réapparaît, un grand sourire aux lèvres, en tenant entre ses main un grand cadre doré avec une photographie de Jeanne en costume d’Alsacienne: “Regardez comme elle était belle ma Jeannette!” Ce costume, Jeanne l’a confectionné elle-même à l’occasion d’un concours du “plus beau costume de carnaval”, à Andelnans. “J’ai gagné le premier prix! Et l’année suivante aussi avec un costume de rose!” explique-t-elle fièrement.
Emile reprend alors le fil de ses souvenirs. Pendant que Jeanne exerce ses doigts d’or sur le tissu, il effectue son service militaire àBesançon. On lui propose de s’engager, mais son devoir terminé, il préfère revenir à la vie civile. Il est alors embauché à l’arsenal de Belfort. En 1936, il entre ensuite aux chemins de fer, comme manoeuvre, d’abord, puis comme surveillant de dépôt. Il terminera chef de “63 bonhommes”!
En 1939, la guerre éclate et Emile se retrouve à nouveau mobilisé sous les drapeaux. Il part dans l’Aisne en zone occupée. Lorsqu’il revient à la SNCF de Belfort, c’est pour agir en tant que Résistant et participer aux sabotages de machines, de lignes de chemins de fers et de ponts. Il se souvient encore de cette bombe qui tomba sur la maison du colonel Erard (aujourd’hui maison Ehlinger) alors transformée en infirmerie pour soldats.
La fin de la guerre constitue un événement particulièrement heureux pour le jeune couple. En effet, Josette, leur fille unique, naît le jour de l’Armistice...le 8 mai 1945!
Emile achève sa carrière de cheminot en 1964. Il devient alors garde-chasse fédéral du Département.
Depuis qu’Emile est en retraite, celui-ci laisse les jours s’écouler tranquillement en compagnie de Jeanne, dans leur petite maison de la rue de Danjoutin à Andelnans.
Nous sommes au printemps de l’année 1945, la guerre et la débâcle. Depuis plusieurs jours, les Allemands sont embusqués dans le bois en aval de la Savoureuse. Soudain, une énorme déflagration se fait entendre, puis le silence retombe à nouveau sur le village. Le bruit se répand aussitôt de maison en maison: «les allemands ont fait sauté le pont». Le village se retrouve coupé en deux.
Monsieur Léon Klopfenstein, Maire de l’époque et son premier adjoint, Monsieur Mangeol décident de reconstruire provisoirement le tablier de l’édifice. Ils demandent au maire de Sévenans la permission de couper quatre énormes sapins, Ils serviront de support à des madriers alignés les uns à côté des autres. Ces sapins sont posés de façon à ce qu’ils s’appuient sur le pilier central, la largeur d’une voiture à foin.
Une passerelle est quant à elle construite pour enjamber la Savoureuse à hauteur de l’actuelle salle des fêtes, afin de permettre aux habitants de pouvoir rejoindre les grottes en cas de bombardement.
Deux ans plus tard, Monsieur Moré, Maire de la commune, fait détruire le pont provisoire puis reconstruire le nouveau pont.
Ce pont fera lui aussi son temps... Le mercredi 14 février 1990, dans la soirée, alors que les pluies n’ont cessé de gorger la Savoureuse depuis quelques jours, son niveau se met rapidement à monter. Elle commence déjà à quitter son lit. A 21 heures, la rivière est dans les rues et le courant s’accélère. A minuit, on relève 50 cm d’eau dans la rue Ehlinger, 70 cm rue des Ballastières. Les personnes qui ne sont rentrées chez elles que très tard découvrent un véritable désastre: livres, matelas, meubles flottent dans les maisons. Le jeudi 15 février à 7 heures du matin, on constate que la situation ne s’est pas améliorée. Bien au contraire, on relève 80 cm rue Ehlinger et 1 mètre rue des Ballastières!
Vers 10 heures, on constate une fissure de plus en plus importante à l’entrée du pont. Face à la force du courant qui entraîne avec lui arbres et objets divers, les piles faiblissent. A midi, le pont s’est affaissé, la main courante burinée, les piles tordues et entaillées. La rivière passe par dessus le pont alors âgé de 42 ans.
Le niveau de l’eau ne commencera à baisser que vers 23 h 30.
Afin de permettre aux habitants de franchir la Savoureuse, une solution de fortune est envisagée: en 3 jours et 3 nuits; le Régiment de Génie de Besançon procède au montage du pont qui sera ouvert à la circulation le vendredi 23 février à 18 heures!
La reconstruction définitive du pont a lieu en 1991. Cette fois, le type de pont choisi doit permettre d’éviter une nouvelle catastrophe: il laisse un passage d’eau sous tablier supérieur à 0, 50 mètres par rapport à l’ancien pont et ne comporte qu’une seule pile centrale coiffée d’un bloc de béton armé.
Pendant la guerre, 80 bombes de 500kg sont tombées sur Froideval et le long du canal. En quelques semaines, le pont de Froideval qui enjambe le canal a été détruit deux fois.
Les reliques de saint Antoine, rapportées de Constantinople par les croisés, étaient conservés dans la petite chapelle de La Motte-aux-Bois dans le Viennois. Dès le XIème siècle, cette dernière devint un lieu de pèlerinage très fréquenté, chacun venant implorer auprès du saint sa protection.
L’histoire veut que l’un de ces pèlerins, originaire du Dauphinois et prénommé Gaston, conduisit son fils atteint de la maladie. Saint Antoine lui serait alors apparu en songe et lui aurait promis de guérir l’enfant ainsi que tous ceux qui auraient recours à sa protection en portant son emblème, le tau de Saint Antoine.
L’enfant fut miraculeusement guéri et Gaston fonda une confrérie à côté de laquelle il fit construire une maison pour accueillir les malades et leur famille. En 1095, au concile de Clermont, le pape Urbain II le nomma Grand Maître de cette communauté des “Hospitaliers de Saint-Antoine”. A l’époque, les membres qui la constituaient n’étaient encore que des laïcs. Ces derniers portaient toutefois un costume spécifique composé d’une robe noire avec sur le côté gauche, le Tau ou Croix de saint Antoine en tissu bleue.
Le temps était consacré aux soins prodigués aux malades. Comme remède les Hospitaliers mirent au point un élixir appelé baume ou “vinage de Saint-Antoine”, obtenu à partir d’une vigne vendangée par les frères et répandu sur les reliques le jour de l’Ascension. Ils apprenaient également aux patients les prières pour intercéder auprès du saint, récitées devant les reliques. Par ailleurs, le port d’une amulette en forme de Tau devait aider à la guérison.
En 1218, le pape Honoré III permit aux membres de la confrérie de prononcer les voeux sacrés. En 1298, Boniface VIII créé l’ordre religieux et hospitalier de Saint-Antoine. Les moines, placés sous la juridiction du Saint-Siège, furent soumis à la règle de Saint-Augustin et reçurent le nom de “Chanoines réguliers de Saint-Antoine”. Le chef de l’hospice prit quant à lui le titre d’”abbé”.
Au IXème siècle apparaît en Occident une maladie responsable d’une première grande épidémie entre 1095 et 1096. Ce mal pris le nom de “feu sacré” (ignis sacer). La superstition populaire poussa en effet les hommes de l’époque à voir dans cette maladie une manifestation divine ou diabolique. Elle fut également désignée sous les noms de “mal des ardents”, “feu de Dieu”... On pensa donc que seule l’intervention des saints pouvait triompher du mal et on attribua bientôt à saint Antoine l’ermite le don d’apaiser ce “feu sacré” qui reçut le nom de “feu de Saint Antoine”.
A la fin du XIème siècle, le moine Sigebert de Gembloux fait la description des manifestations de la maladie: les personnes étaient consumées de l’intérieur par le feu sacré, elles pourrissaient, leurs membres devenaient noirs comme du charbon. En effet, la maladie se caractérisait par l’apparition de “taches rouges et bleues de la peau, allant jusqu’à une coloration noirâtre de l’épiderme, par des fourmillements, des engourdissements et des douleurs dans les membres, produisant peu à peu un dessèchement, même une gangrène des pieds et des mains, de sorte qu’il fallait souvent recourir à une amputation. En même temps, les malades éprouvaient comme une brûlure à l’intérieur de leurs corps” (1).
Un ou plusieurs doigts entiers pouvaient se séparer de la main ou du pied, sans aucun écoulement de sang et des orteils pouvaient rester dans les chaussures du malade.
Au Moyen-Age, du XIe au XIVe siècle, l’absorption de graines avariées, blé, seigle et orge fut à l’origine de cette maladie aujourd’hui identifiée sous le nom d’ergotisme gangréneux. On ignorait en effet le caractère vénéneux d’un champignon parasitaire, l’ergot (claviceps purpurea), qui infestait régulièrement les récoltes. Le développement de ce champignon était favorisée par certaines conditions climatiques: printemps chaud et humide, faisant suite à un hiver froid et sec. Sa présence devait être particulièrement observable en cas de mauvaise récolte, lorsque l’on était obligé de moudre du grain humide et gâté. On sait de nos jours que la substance contenue est particulièrement toxique: un à cinq grammes de poudre d’ergot peuvent être mortels chez l’homme! Elle s’attaque au système nerveux et à la paroi des vaisseaux.
Le renom de la communauté franchit les frontières; si bien qu’au XIVème siècle, les Antonins possédaient 369 Commanderies ou Préceptoreries en France, en Allemagne et en Italie.
Les premières terres sont achetées à lssenheim en 1290. Un établissement y est édifié et achevé en 1298. Au cours de la première moitié du XIVème siècle, trois nouvelles commanderies sont fondées, près de Strasbourg, de Bâle et de Belfort.
On trouve la commanderie de Froideval mentionnée pour la première fois dans l’Urbaire de Belfort datant de 1350: “von der Kirche zu Fredua” (de l’église de Fredua=Froideval).
En 1394, l’Urbaire général des biens de la maison d’Autriche indique quant à lui: “Freideva wo d. kilchen IIII phût wachs ze meysen” (Froideval où l’église paie le 1er mai quatre livres de cire (à la seigneurie ).
A partir de 1402, on trouve la commanderie fréquemment citée, notamment dans des actes de donations en sa faveur. Grâce à ces dons et aux aumônes des pèlerins, l’établissement jouissait d’une certaine prospérité.
Ces écorcheurs, conduits par le dauphin de France, futur Louis XI, occupèrent les environs de Belfort du mois de juillet 1444 au printemps de l’année suivante, Ils saccageaient tout sur leur passage et commettaient d’horribles méfaits, s’attaquant aussi bien aux habitants qu’à leurs biens. Les chroniqueurs de l’époque indiquent que tous les couvents et églises ont été profanés, livrés au pillage et au saccage. On peut dès lors imaginer ce qu’il advint de Froideval, même si aucune mention particulière concernant les ravages commis à l’encontre de la commanderie n’a été retrouvée.
En 1445, lorsque les écorcheurs quittèrent la région, le couvent se trouvait dans un état si lamentable, que son Abbé dut faire appel aux bontés de l’archiduc d’Autriche, Sigismond, en décrivant “la désolation vaine, pauvreté et misère de l’hostel et hospital de Monseigneur Saint Antoine de Froideval”, afin d’obtenir une aide pour sa “réparation et réédification”.
Pendant la période de terreur, les Antonins purent sauver les reliques de saint Antoine. L’orage passé, il les ramenèrent au couvent. L’Archiduc fut touché par la requête de l’Abbé et accorda à la communauté religieuse des droits lui permettant de se relever. Pierre de Morimont, bailli de la Maison d’Autriche, fut chargé d’effectuer une visite de la commanderie et “sous l’agrément et ratification” de lArchiduc, il fit établir en 1459 par le tabellion de Belfort la charte de la fondation nouvelle. Voici un extrait des faveurs octroyées:
“Nous donnons audit Hopital la Rivière de Froideval pour les recteurs dudit Froide val, pour ses serviteurs et familiers et lui donnons puissance et faculté de pescher dès la rivière de Bavilliers jusqu’à la fontaine dessous Belmon [Bermont] […] ”
“[…] ledit Commandeur pourroit ou fera faire un moulin où que bon lui semblera sans les dommages et préjudice des moulins de mondit Seigneur ”
“Deux cens journaux és bois qui sont autour dudit hopital où qu’ils se pourront mieux prendre au profit et utilité dudit hopital, des recteurs, pauvres et famillers […] ”
“Puissance à avoir et mettre six hommes et leurs maisons au lieu de Froideval pour l’aide et sustentation dudit hopital[…] ”
“Accordons liberté et faculté des pas quis pour les bestes dudit hopital et des hommes et serviteurs d’iceluy pour les paturages, c’est àsça voir ès mortes pastures des villes circonvoisines dudit hopital et spécialement des lleux de Beautant fBotans], Dora nt,Belmont, Tretoudan, Sevenan, Andellenans, d’Anjustin, Basvillier, Ban villars et Argiésans, franchement et sans ce que ladite pature l’on puisse aucune chose querelle ou demande audit Commandeur et à ses dits hommes et serviteurs ou à ses successeurs ”
“Faculté et usage ès bois de la terre de Buch [Buc] appartenant à la Roche de Belfort, ès bois estant autour dudit hopital pour son fouage et usage, tant pour réparation comme autre, estant pour ledit hopital tout comme pour les Commandeurs, ses dits hommes et serviteurs, et pour ès dit bois pasturager leurs bestes et nourrir tant à la vive qu’à la morte pasture.”
En contrepartie, la commanderie dut se soumettre à une seule condition:
“dire ou faire dire et célébrer une chacune sepmaine deux messes pour fondation et anniversaire ... pour les remèdes et salut des âmes de mondit Seigneur d’Autriche, de ses prédécesseurs et successeurs, et pour les remèdes et salut dudit Seigneur de Morimont ... et de feue [sa] bien aymée femme Margueritte de Rathsammhausen ” (*)
Aux grâces de l’Archiduc, s’ajouta la protection du pape, qui, en 1477, accorda “indulgence et rémission à tous ceux ou celles qui baillent ou feraient présent de quelque chose à la petite église ”. Dans le désir d’obtenir les indulgences papales, les pèlerins affluèrent.
A la fin du XVème siècle, la commanderie de Froideval avait retrouvé toute sa prospérité. Elle s’organisait alors comme suit: une petite église gothique, une maison attenante qui servait de résidence au commandeur et à ses religieux, un bâtiment destiné à l’accueil des pèlerins le “Gastcamme? ” et une vaste ferme appelée “meyerhof ” comprenant le logement des serviteurs, les granges et écuries pour le bétail et les réçoltes. Par ailleurs, avec ses droits octroyés par l’Archiduc sur les forêts de la Seigneurie, la commanderie de Froideval constituait un domaine agricole important.
Le nombre de religieux n’excéda jamais le nombre de six, mais la population se trouvait augmentée par la présence des serviteurs employés pour les travaux des champs et pour l’entretien du bétail.
En 1486, Guido Guersi fut investi de la Commanderie de Froideval et le demeura jusqu’en 1516. Il fit décorer les murs du choeurs de l’église. Parallèlement, cet amateur de peinture se vit conférer en 1490 les fonctions de Précepteur d’lssenheim. C’est à cette époque qu’il commanda au maître Mathias Grùnwald le magnifique polyptique d’lssenheim aujourd’hui conservé au musée des Unterlinden de Colmar. Peut-être les peintures du choeur de l’église de Froideval étaient-elles également dûes au talent de ce même peintre dont Guido Guersi fut le protecteur? Nous n’en saurons jamais rien car elles sont entièrement détruites.
Les membres de la commanderie avaient choisi la date du 17 janvier pour la fête de leur saint-patron. A cette occasion, ils assistaient à une messe solennelle chantée par le curé de Danjoutin. La cérémonie était suivie d’une procession au cours de laquelle étaient exposées les reliques vénérées. Les Hospitaliers procédaient ensuite à la bénédiction de l’eau et du vin destinés à la guérison de leurs malades.
Le 1er mai, était célébré l’anniversaire de la dédicace de l’église et à cette occasion une fête était annuellement donnée le premier dimanche de ce mois. Très vite, la piété religieuse se doubla de réjouissances profanes. Ces dernières furent dans un premier temps réservées aux bergers puis la foule prit de l’ampleur avec la venue des villageois du pays et des bourgeois de Belfort qui se réunissaient en ce lieu pour une joyeuse fête champêtre. On dansait an son des tambourins et les festivités reprenaient le lendemain. Sous l’ancien régime, la fête de Froideval demeura la plus célèbre des réjouissances villageoises de la région belfortaine.
Plusieurs auteurs tentent de donner une explication à l’origine de cette “fête des bergers ”. Par respect pour les religieux de Froideval, les habitants des communes attenantes laissaient paître en liberté le troupeau du monastère sur les terres voisines. En signe de reconnaissance, les religieux offraient un généreux repas à tous les bergers des villages de Danjoutin, Andelnans et Botans. Toutefois, considérant les difficultés rencontrées par les Antonites avec les communes avoisinantes, cette hypothèse ne doit donc être considérée qu’avec beaucoup de réserve.
Au cours des années, la fête champêtre se transforma en une véritable “foire ”. On y trouvait des jeux et des distractions variées. Les cabaretiers et les marchands venaient installer leurs tréteaux. Le vin aidant, quelques bagarres s’engageaient parfois. Un service d’ordre était donc assuré par le Grand Maire de l’Assise. Les coutumes de l’Assise précisent ainsi son rôle:
“Le jour de la feste de Froideval doit par chacun an estre fait audit lieu de la part de Monseigneur une défense et commandement par un grand maire de l’Assize ou par son sergent sous peine de dix livres d’amende que nul ne trouble la feste pour éviter désordre, dispute et débat.” “Item, de mesme le jour de la feste de Froideval doit avoir un grand maire pour et au nom de Monseigneur audit lieu, et avec luy un sergent, et avec eux trois ou quatre hommes des plus apparents de la ditte Assize pour garder partout et prendre garde qu’aucun tort ne soit fait aux religieux et a le dit grand maire et ceux qu’il aura réfections raisonnables. ”
Avec la révolution, les fêtes religieuses disparurent à Froideval. Mais la fête profane continua d’attirer la foule jusqu’au XlXème siècle. La fête de Froideval disparut complètement vers 1890.
Au XXème siècle, Froideval reprit toutefois du service. Les anciens se souviennent peut-être encore de la fête des artilleurs qui eut lieu pendant les années d’avant guerre. Le comité de la “Sainte-Barbe ” organisait ainsi une fête avec danse en plein air.
Au lendemain des fêtes de Pâques de l’an 1525, éclata la révolte des paysans. Le conflit couvait depuis déjà plusieurs années. Les populations avoisinantes d’Andelnans et de Vézelois, qui avaient elles aussi subi les ravages des écorcheurs en 1444, connaissaient de grandes difficultés pour se relever de la misère dans laquelle les dévastations les avaient jetées. Contrairement aux Antonins de Froideval elles n’avaient pas profité des largesses de l’Archiduc d’Autriche. Les jalousies traversèrent les siècles pour ne prendre fin qu’en 1790 avec la confiscation des biens de la communauté par les révolutionnaires.
En 1525, avec les attaques paysannes, la prospérité de la commanderie se vit à nouveau compromise et les Antonins retombèrent dans la misère. Les “Rustauds ” de la Seigneurie s’en prirent en effet à Froideval, Faute de pouvoir s’attaquer à la ville de Belfort protégée par son château fort. En quelques jours, les bâtiments furent saccagés, les caves, les granges et les greniers vidés. C’est sans doute lors de cet épisode malheureux que les peintures du choeurs commandées par Guido Guersi furent détruites. Seuls les reliques, les vases sacrés et les ornements du couvent furent sauvés; les religieux les ayant mis à l’abri derrière les remparts de Belfort. A nouveau, les autorités autrichiennes durent intervenir; dans un premier temps pour mettre fin à la jacquerie et dans un second temps pour aider les Antonins à relever leur commanderie. Ceci fut accompli dès l’année suivante.
Au cours de la première moitié du XVIème siècle, une mauvaise gestion administrative et financière, la commanderie de Froideval se mit sensiblement à décliner. Il apparaît même que les Antonins commençaient à se désintéresser de leurs obligations spirituelles et ce manquement parvint aux oreilles de l’Archiduc Ferdinand I.
Vers 1543, les religieux cessèrent de diriger l’élevage du bétail et l’exploitation des terres. Un prêtre n’appartenant pas à leur ordre fut préposé du travail. Dans un même temps, les Antonins se déchargèrent sur lui de la desserte et de la garde du pèlerinage.
En 1561, un rapport établit par le châtelain de Belfort, Pierre Condit, fait état de la situation lamentable de la commanderie. La messe n’était plus régulièrement célébrée et ses membres ne menaient pas une existence des plus convenables. La situation ne put que s’aggraver avec les passages successifs de bandes de Huguenots. Ainsi, entre 1569 et 1570, les armées du Comte Palatin et celles du Prince d’Orange, venues prêter main forte aux Huguenots français, se livrèrent à d’incessants pillages dans la région. Après leur départ, on ne put que constater la misère dans laquelle se trouvait le pays.
L’arrivée de la peste permit un temps à la communauté de retrouver ses fidèles et un semblant de prospérité. Mais très vite la mauvaise gestion et la mauvaise conduite de ses dirigeants lui fit à nouveau entrevoir une ruine certaine. La célébration des messes fondées par les Archiducs n’étaient plus célébrées. Une cuisinière et une jeune fille à la présence suspecte préparaient le “Vinaigre et l’eau saint Antoine ” qui, après un simulacre de bénédiction étaient vendus par elles sans aucun respect.
Une lettre de l’administrateur du couvent, François Beer, datant de 1601, donne une description effroyable de la situation: les murs menacent de s’écrouler. Les ornements de la chapelle sont pourris et les pigeons y font leur nid. Les burettes, trouées, sont réparées à la cire et les vases sacrés destinés à contenir le “vinage de Saint Antoine ” ont été volés. La recette du baume de Saint Antoine est perdue. L’unique missel est en lambeaux. La fontaine Saint Antoine est remplie de détritus. Le reste de la description ne vaut guère mieux. Toutefois, les pèlerins continuent de se rendre sur les lieux, mais personne n’est là pour les accueillir.
François Beer se mit à l’oeuvre, dans le but de restaurer l’édifice. La chapelle et le grand bâtiment furent achevés en 1607. La nouvelle hôtellerie comportait une grande salle, quatre chambres et une vaste cuisine. La fête du 1er mai repris comme autrefois, les pèlerins se remirent à affluer.
L’essor de la commanderie s’arrêta avec les menaces de guerres. Les Archiducs furent en effet contraints de lever de nouveaux impôts sur leurs sujets. En décembre 1632, les Suédois assiégeant Belfort occupèrent aussitôt Froideval et se livrèrent au saccage et au pillage. En 1635, les Hongrois achevèrent le désastre. Après leur départ, seuls les murs subsistaient encore.
L’attribution des domaines alsaciens à la Couronne de France n’apporta pas de grands changements pour la Commanderie de froideval. Toutefois, malgré la désolation dans laquelle les bâtiments se trouvaient, le nouveau supérieur de la maison, Pierre Jacques Scholer tenta de redonner vie au lieu. Pour cela, il accorda des conditions avantageuses à un cultivateur de Buc, Pierre Péquignot. Celui-ci put exploiter la ferme à titre gratuit pendant deux années. En contrepartie, il lui fut demandé de refaire les clôtures, de remettre les étables en état et de remettre les fenêtres de la maison. Dans un même temps, Scholer essaya de rétablir le culte et plaça un religieux, Jean-Baptiste Charollois, auquel il donna le titre de vicaire. Le pèlerinage reprit.
Malgré tous ces efforts, il fut difficile d’effacer les dégâts causés par la guerre de Trente Ans. Il semble en effet que les pillages aient été àl’origine de la disparition des anciens reliquaires et des vases précieux. Scholer ne survécut pas à la ruine de Froideval et mourut en 1670.
L’intendant d’Alsace, Colbert de Croissy, s’émut de l’état de la commanderie et engagea des travaux de restauration. Un clocheton en pierre de taille vint ainsi remplacer le clocher qui menaçait de s’écrouler. Les arcs-boutants furent consolidés et la toiture entièrement refaite. La reconstruction fut achevée en 1707. A la veille de la Révolution, l’église était alors un bâtiment formé d’une nef à deux fenêtres et d’un choeur garni de quatre fenêtres ogivales. Le clocheton dominait le côté de la nef, face à la maison d’habitation.
En 1777, Louis XVI attribua tous les biens de l’Ordre de Saint-Antoine à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Pour les chevaliers de Malte, Froideval n’était qu’une petite propriété foncière dont ils tiraient quelques revenus. Sur les lieux-mêmes, les habitudes ne se virent donc pas contrariées: les pèlerins continuèrent à affluer et la fête du 1er mai subsista comme une réjouissance annuelle majeure pour les habitants du pays. Par ailleurs, grâce à une exploitation efficace de la ferme et des terres labourables par les fermiers successifs, Froideval retrouva une prospérité relative. (voir le bail de 1785 exposé).
Il s’agit là d’un fait bien singulier: en 1785, la ferme de Froideval appartenant à une communauté catholique, l’ordre de Malthe, fut baillée à une personne non catholique, appartenant à la communauté des Anabaptistes. Il s’agit d’un dénommé Jean Klopfenstein. (cf. panneau sur la communauté Anabaptiste).
La fermeture de Froideval eut lieu en 1790. La même année, ses biens lui furent confisqués. Dès lors, les cérémonies du culte cessèrent définitivement à Froideval. “L’adjudication définitive des biens provenant de l’ancien prieuré de Froideval ” eut lieu le 17 prairial an III de la République. Un grand nombre de personnes se présentèrent, intéressées par l’affaire. Le citoyen Jean-François Delaporte remporta l’affaire. Le lot comprenait l’intégralité des bâtiments, y compris l’église. Les biens de Froideval, devenus propriété particulière, furent par la suite morcelés et passèrent entre plusieurs mains.
Le mobilier de la chapelle a disparu au cours de la Révolution. Seule subsiste une statue de Saint Antoine aujourd’hui conservée dans l’église de Danjoutin. (cf. photographie exposée). En 1790, l’acquéreur de la commanderie, M. Keller l’avait replacée dans un des bâtiments du domaine. Avec la fin de la Terreur, la pieuse dévotion réapparut alors sous forme d’offrandes déposées au pied de la statue: jambon, saucisses, morceaux de lard, andouillettes... dont le propriétaire faisait bon profit. Le curé de Danjoutin vit cette pratique d’un mauvais oeil et pour y mettre un terme, il fit enlever la statue.
Les anciens murs de la commanderie ont quant à eux été intégrés dans une ferme moderne par la suite transformée en auberge puis en logements collectifs.
Bail de la ferme de Froideval: Bernard Schelbaum repris par Monsieur Pierre Klopfenstein pour une durée de 10 années, à partir de 1785.
Propiétaire de la plus grande partie du domaine, acquis comme biens nationaux “sur ma commanderie des Antonistes d’lssenheim, ordre de Malte les 17 et 18 germinal an cinq de la République française ”. Bail de la ferme à Monsieur Pierre Muller: il s’agit d’un bail d’une durée de trois ans à compter du 23 avril 1816, renouvelé en 1819.
Propriétaire comme héritier pour partie de Monsieur Antoine Keller, son oncle maternel célibataire, décédé le 18 avril 1848. Quant à l’autre moitié, Monsieur Klenck en a fait l’acquisition sur Madame Marguerite KeIler (veuve Leclerc), rentière, par acte passé le 23 décembre 1848.
Nées Klenck étaient propriétaires en tant que seules héritières, chacune pour moitié de Monsieur Marie Jacques Georges PauI Alphonse Klenck, leur père, en son vivant propriétaire, décédé le 24 juillet 1865.
Propriétaire par la vente du domaine par Mesdames Edouard et Jules Kuffier, le 26 septembre 1868.
La ferme est ainsi restée dans la famille Muller jusqu’en 1962, date à laquelle les terres ont été vendues à la société Baticoop Union et les bâtiments à Monsieur et Madame Regnault. Ces derniers ont alors repris l’exploitation de l’auberge jusqu’en 1984.
Depuis le XVIIIéme siècle, Froideval constitue un domaine faisant partie intégrante du ban de la commune d’Andelnans. Au creux de la clairière, pâtures et cultures encadraient une vieille ferme et les ruines d’un prieuré qui connu jadis une splendeur certaine. Après la vente des biens des religieux en 1790, plusieurs propriétaires se sont succédés et le dernier, du nom de Muller, a vendu l’ensemble de son domaine, dans les années 1960, à une société de construction, BATICOOP UNION.
Avec l’achat des terrains sur Froideval, la société BATICOOP UNION entreprend la construction de logements de types individuels, jumelés ou en bandes. Le premier lotissement est achevé en 1965. avec ses 67 logements, le “Hameau de l’Assise” vient de voir le jour.
Dès 1963, alors que le lotissement de Froideval n’est encore qu’à l’état de projet, son rattachement est proposé à la commune de Danjoutin. Mais celle-ci rejette cette éventualité. Bavilliers, qui est également sollicité refuse àson tour. Bien qu’étant géographiquement excentré du coeur du village, Froideval restera donc un quartier d’Andelnans.
Après le lotissement de l’Assise, une deuxième tranche de constructions comptant 84 logements est prévue, elle sera achevée en 1975. Ce nouveau quartier est dû à la société GROUPEMENT MAISON FAMILIALE de Cambrai et prendra le nom de “Hameau du Berger”.
La troisième tranche constitue aujourd’hui le “Hameau de la Douce”. Celui-ci est achevé en 1979 et propose 130 nouveaux logements.
Autrefois, la classe, qui est encore aujourd’hui utilisée par les enseignants de la commune pour les séances d’arts plastiques avec les élèves, servait de “petite école”. Au début de la Première Guerre mondiale, Emile Hautteberg se souvient que cette dernière a également fait office d’hôpital pour les soldats français.
L’actuelle mairie partageait, quant à elle, ses locaux avec la “grande école”. Elle était destinée aux élèves de 7 à 11 ans et préparait au certificat d’études. La classe se tenait au rez--de-chaussée, tandis que le haut était aménagé comme appartement pour l’instituteur.
En 1965, le “Hameau de l’Assise” est achevé. Il compte 67 logements.
Afin d’accueillir les enfants des familles qui viennent de s’installer, les préfabriqués sont achevés en 1966. les élèves se répartissent sur 3 classes.
Le “Hameau du Berger” est achevé en 1975 et compte 84 logements. Dès 1974, se pose donc d’ors et déjà la question de l’accueil scolaire des enfants qui arriveront bientôt en grand nombre avec l’installation de nouvelles familles à Froideval. Le 30 mars 1974, le conseil municipal décide de procéder dans un premier temps à la construction de 4 classes de 1er cycle avec maintien provisoire des classes préfabriquées.
L’inspecteur d’Académie confirme le nombre et la nature des locaux scolaires nécessaires correspondant à l’ensemble des lotissements de Froideval, GMF de Cambrai (en projet) et BATICOOP UNION (déjà réalisé).
Cette même année, La société BATICOOP UNION confirme son accord sur la cession gratuite à la commune de la parcelle n°A d’une superficie de 9518 m2 en vue de l’implantation du groupe scolaire.
Le projet de groupe scolaire est réellement mis en oeuvre en 1976. Il prévoit la construction d’une école primaire comportant 4 classes et une salle polyvalente. Deux architectes de Belfort, Georges Oudard et Norbert Prévot, sont chargés de son élaboration. l’école ouvre ses portes à la rentrée de septembre 1977 et accueille 67 élèves. Par ailleurs, l’école du village continue à fonctionner avec une classe de primaire.
La construction d’une école maternelle en dur n’est pas envisagée dans l’immédiat, mais figure toutefois sur le projet retenu en mars 1976. Une deuxième tranche, comprenant la construction de deux classes est en effet prévue. En attendant, une solution provisoire doit rapidement être trouvée. En cette rentrée 1977, la presse locale fait écho du mécontentement manifesté par les parents d’élèves de Froideval. L’école maternelle ouvrira finalement ses portes en septembre 1980.
Pour la rentrée scolaire de septembre 1988, on
recense à Andelnans:
Face aux faibles effectifs rencontrés à l’école du village (1 classe sur 2 est fermée), on envisage alors un regroupement pédagogique. Par ailleurs, Froideval connaît également à cette époque une baisse de la population enfantine: deux classes sur cinq ont été fermées.
Le regroupement scolaire doit donc permettre, entre autre, de faire disparaître la classe unique tout en conservant le même nombre de classes et en évitant ainsi l’éventuelle fermeture de l’une d’entre elles. L’objectif global est d’améliorer l’accueil des enfants.
Le projet aboutit finalement pour la rentrée de septembre 1989 et se matérialise ainsi: pour le primaire, 3 classes à Froideval et 1 au village.
A la rentrée 1991, un poste d’enseignant étant supprimé, la classe située à Andelnans est finalement fermée. Elle continue cependant à fonctionner, puisque chaque classe vient y passer un après-midi par semaine afin d’y pratiquer les arts plastiques.